“Une violoncelliste à suivre” – Classica

Les “Suites pour violoncelle” de Bach par Tatjana Vassiljeva n’épatent pas, ce qui ne l’empêche pas d’éttoner et de ravir.

Des Suites de Bach de Tatjana Vassiljeva se dégagent un sentiment de nudité, d’évidence désolée.
La violoncelliste dit les jouer pour elle-même. Enregistrée dans une acoustique très sèche, la violoncelliste prend le risque de mettre son violoncelle et sa sonorité à nu, ce qui lui permet de rompre avec la continuité sonore typique du ” romantisme” interprétatif et de donner à son legato une très grande légèreté.C’est sans doute ce qui la distingue le plus de toutes les autres interprétations actuelles, enregistrées avec une réverbération qui donne plus d’élan lyrique à leur jeu. La musicienne joue avec des phrases courtes, avec des contrastes de phrasé plus frappants, et avec une présence du silence inconnue jusque-là.
Très maîtrisée techniquement, la version de Vassiljeva se situe entre l’interprétation baroque et classique: ses tempos, souvent animés, mais parfois vraiment lents, frappent par leur stabilité, y compris dans la lenteur. Plus baroque dans son approche de la sonorité que beaucoup d’autres violoncellistes “modernes”, elle joue avec une netteté d’articulation et de diction supérieure à ses confrères baroques, tout en gardant une sonorité très variée, peu épaisse.
La musicienne nous propose une sorte de voyage d’hiver, plein d’une tristesse sans pathos, avec une simplicité élégante. A`certains égards, elle nous rappelle celle de Fournier.

Stéphan Vincent-Lancrin – Classica


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