La bible des violoncellistes revisitée – ResMusica.com
ResMusica.com about Tatjana’s latest album
A force de versions nouvelles régulièrement éditées, il est bien difficile aujourd’hui d’en connaître le nombre exact, mais cela montre que ce cycle est un passage obligé pour tout violoncelliste qui rêve un jour de le graver. La présente édition nous propose une pochette attractive avec le beau sourire de l’interprète, qui se retrouve, tel un miroir (Mirare) à l’intérieur de l’album. C’est une bonne entrée en matière, n’est ce pas ? Le texte d’accompagnement rapporte quelques réflexions de la violoncelliste qui nous éclaire sur son approche. Cette artiste russe née à Novosibirsk a remporté en 2001 le premier prix du concours Rostropovitch, et mène depuis une carrière internationale auprès des plus grands chefs d’orchestre.A l’écoute de cet enregistrement, on reconnaît immédiatement la pâte de l’école russe, toute en force, en rythmes appuyés, rendant toute leur rusticité à ces suites de danses. Rostropovitch, déjà avait proposé une démonstration du genre dans son enregistrement officiel de ces suites, captées dans le cadre de l’abbaye de Vézelay. Nous sommes dans une interprétation dite « actuelle », sur violoncelle monté à la moderne, assez éloignée de ce que le courant baroque a pu apporter dans la connaissance de ces textes. La plus grande qualité de cette version réside dans le son du violoncelle, puissant, profond, racé. Belle application : l’artiste nous dit : « je crois que l’on enregistre ces suites non pas pour le public, mais pour soi », une manière d’explorer introspectivement une musique ardue, savante. L’ensemble est assez calme, sans affects apparents, ou agogique particulière, et même si les danses, par leur approche presque paysanne, comme dans certaines cantates profanes, contribuent au rebondissement du discours. Tatjana Vassiljeva défend cette œuvre avec humilité. Parfois, une fougue particulière surgit, comme dans le prélude de la sixième suite, qui monte toujours plus haut dans la tessiture, à cause, à l’origine, de ce fameux instrument à cinq cordes qui permettait une meilleure aisance dans l’aigu. Le compositeur ici s’élève, nous élève, et assouvissant ses désirs d’ascension.
Un Bach actuel, distillé harmonieusement par une grande violoncelliste de notre temps.
Frédéric Muñoz – ResMusica.com
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